Edition No 06/2023

ISSN 1423-4319 Fr. 7.50 Renault Trucks Le nouveau C520 EVO SÉRIE JEUNES CHAUFFEURS Ma passion? C’est mon métier! PORTRAIT Hans Lütolf NOUVEAUTÉS DAF XDC et XFC Le mensuel spécialisé des chauffeurs professionnels 6/2023

2 SWISS CAMION Formation s’étendant aux cours de base, cours de répétition et cours complémentaire pour véhicule citerne. Ces cours sont réalisés en collaboration avec le corps des polices cantonales et les services des automobiles. Etes-vous intéressés? Nous vous proposons avec plaisir un cours adapté à vos besoins. Les Routiers Suisses Tél. 021 706 20 00 La Chocolatière 26 Fax 021 706 20 09 1026 Echandens www.routiers.ch Offre de cours: LES ROUTIERS SUISSES SCHWEIZER BERUFSFAHRER Les Routiers Suisses offrent un vaste programme de cours continuellement adaptés aux besoins. Grâce à leur partie pratique, ils sont tout spécialement appréciés par les chauffeurs, le personnel de quai, les agents de transport et les moniteurs d’auto-école. Transport de matières dangereuses Certificat / renouvellement:  Tout chauffeur devant transporter des matières dangereuses doit suivre le cours ad hoc.  Les véhicules à citerne requièrent une formation supplémentaire.  Le permis est valable 5 ans. Le cours de répétition doit être suivi dans les 12 mois précédant la date d’échéance.  Le permis est renouvelé à partir de la date d’échéance pour une durée de 5 ans. BERUFLICHE WEITERBILDUNG FORMATION PROFESSIONNELLE Sera pris en compte pour le perfectionnement obligatoire des chauffeurs professionnels selon l’ordonnance réglant l’admission des chauffeurs (OACP).

1 4 / 2023 ÉDITORIAL EN COUVERTURE L’entreprise Niederberger Transport a besoin de camions robustes. C’est notamment pour cela que toute sa flotte est composée de Renault Trucks, à savoir cinq C520. Le dernier arrivé est celui que conduit le chauffeur Louis Keller. «C’est un excellent outil de travail, à la fois robuste, puissant et économe», nous a-t-il confié. PHOTO: DANIEL VON KÄNEL SÉRIE «JEUNES CHAUFFEURS» Loïc Lathion (20 ans) 3 ASSOCIATION Le message du président central 4 RUBRIQUE JURIDIQUE Des poursuites pénales pour non-respect des conditions de travail obligatoires 6 ACTUALITÉS Un camion Enginius à hydrogène pour l’entreprise Haldimann à Morat 8 RÉSEAU ROUTIER Quelles mesures ont été prises lors des bouchons au San Bernardino? 13 ACTUALITÉS Commentaire sur l’assemblée des délégués de l’Astag à Neuchâtel 14 PORTRAIT Hans Lütolf, plus de 50 ans à la tête du relais routier de Gampel-Steg 20 NOUVEAUTÉS Au volant des XDC et XFC 30 REPORTAGE Notre ancien rédacteur en chef a repris du service en camion Le ridicule ne tue pas! Camions à hydrogène, imprimantes 3D pour fabriquer des pièces de rechange, agrandissement des centres de transbordement du rail à la route qui permettent d’éviter chaque année des centaines de milliers de kilomètres en camion... Tels sont quelques-uns des sujets résolument tournés vers l’avenir que nous abordons dans ce numéro. La période actuelle est incontestablement celle du changement. Changement de mise en page, en ce qui concerne notre mensuel, et changement de nombreuses habitudes en ce qui concerne le secteur des transports routiers où les motorisations alternatives (hydrogène, électricité...) sont de plus en plus d’actualité. Ce qui ne change pas, malheureusement, c’est le discours des responsables de l’Astag, l’association des entrepreneurs actifs dans les transports routiers, au sujet des salaires des chauffeurs. Lors de leur récente assemblée des délégués, leur président, le conseiller aux Etats argovien Thierry Burkart, a par exemple relevé que l’Astag poursuivrait avant tout deux buts cette année: la promotion de la relève et le renforcement de sa présence dans les médias. A la lecture du communiqué de presse que l’association a publié au terme de l’assemblée des délégués, on se dit que la poursuite de ces deux buts ne débute pas de la meilleure façon. Ce communiqué de presse était en effet intitulé «Promotion de la relève: l’industrie des transports routiers a le vent en poupe – les embouteillages sont les premiers tueurs d’emplois». Le fait d’évoquer, dès le titre du communiqué de presse, que les transports routiers sont confrontés aux embouteillages ne nous semble pas être très judicieux pour attirer les nouveaux chauffeurs dont notre économie a pourtant cruellement besoin. Par ailleurs, prétendre que «les bouchons sont les premiers tueurs d’emplois» confine à de la malhonnêteté intellectuelle, comme nous l’expliquons dans notre commentaire en page 13. Ce qui rend difficile le recrutement de nouveaux chauffeurs, ce ne sont pas les bouchons, mais bien des conditions salariales qui, dans bien des cas, ne sont pas attrayantes. Et ce n’est pas le fait de répéter ridiculement à trois reprises consécutives: «Les salaires sont fair-play dans notre branche», comme l’a fait durant l’assemblée des délégués André Kirchhofer, vice-directeur de l’Astag, qui rendra ces conditions salariales attrayantes! Le ridicule, fort heureusement, ne tue pas! Il y a certes une majorité d’entreprises de transport qui paient correctement leurs chauffeurs, mais trop nombreuses sont encore celles qui versent aux chauffeurs des salaires qui ne leur permettent pas de vivre en Suisse. C’est contre celles-ci que se bat l’association «Les Routiers Suisses», la plus importante de la branche avec 16 000 membres. Laurent Missbauer, rédacteur en chef IMPRESSUM SWISS CAMION, Route de la Chocolatière 26, 1026 Echandens. Tél.: 021 706 20 00, swisscamion@routiers.ch Rédacteur en chef: Laurent Missbauer | Rédacteur: Daniel von Känel Collaborateurs de la rédaction: Sarah Amat, Kéren Haller, Elvedin Mesic, David Piras, Hans-Peter Steiner et Erich Urweider. Annonces: Kéren Haller, khaller@routiers.ch | Imprimerie: Vogt-Schild Druck SA, 4552 Derendingen, www.vsdruck.ch Régie publicitaire: Les Routiers Suisses, Route de La Chocolatière 26, 1026 Echandens. Tél.: 021 706 20 00, annonces@routiers.ch Tirage contrôlé REMP: 18 160 exemplaires (le plus grand tirage de la branche en Suisse) | Abonnement annuel: 90 francs www.swisscamion.ch Contact: Renault Trucks Suisse, Heimstrasse 45, 8953 Dietikon. www.renault-trucks.ch 10 34 Relais routiers 40 Programme des cours 42 Canton du Tessin 45 Activités des sections

2 SWISS CAMION ASSOCIATION La marche à suivre actuelle: A partir du 1er janvier 2024, l’élaboration des examens OACP (Ordonnance réglant l’admission des chauffeurs professionnels) fera l’objet d’une réorganisation. Selon l’Asa, l’Association des Services des automobiles, les nouveautés figureront sur www.cambus.ch et seront ensuite complétées au fur et à mesure par des détails complémentaires. Examens partiels et ordre de passage Les personnes qui souhaitent obtenir le certificat de capacité et qui ont obtenu les permis des catégories C/C1 ou D/D1 après le 1er septembre 2009 doivent en outre réussir l’examen OACP. Après l’examen théorique complémentaire écrit et la course d’examen effectuée auprès du Service des automobiles, qui sont nécessaires pour l’obtention du permis de conduire, cinq examens partiels doivent aujourd’hui être réussis pour obtenir le certificat de capacité. Désormais, deux des anciens examens oraux seront proposés sous forme d’examen électronique à passer auprès du Service des automobiles. Tout d’abord, l’examen théorique écrit doit être réussi. Ensuite, les quatre examens partiels peuvent être passés auprès de l’Astag. Même après le 1er janvier 2024, le candidat doit réussir les cinq examens partiels. Après avoir réussi l’examen théorique écrit OACP, le candidat doit passer deux autres examens auprès du Service des automobiles. L’examen électronique est constitué par une situation pratique composée de cinq questions avec La nouvelle organisation des examens OACP est confiée à l’Astag et aux Routiers Suisses. Ces derniers seront responsables de la gestion de l’organisation des examens. Deux examens sous forme électronique seront par ailleurs introduits à cette occasion. Examens OACP: voici ce qui changera au 1er janvier 2024 TEXTE: DANIEL VON KÄNEL «En date du 11 mai 2023, l’Asa a pu signer avec les deux organisations suivantes, l’Astag et Les Routiers Suisses, le mandat de prestations des examens OACP en ce qui concerne les parties orale et pratique», a communiqué l’Asa, l’Association des Services des automobiles. Comme cela est déjà le cas aujourd’hui, le candidat pourra passer ces examens dans différents centres d’examen répartis sur l’ensemble du territoire suisse. Cela aussi bien en allemand qu’en français et en italien. deux fois cinq et trois fois quatre options de réponse illustrées par des images qui doivent être glissées et déposées dans les champs réservés aux solutions. Ce n’est qu’une fois que le candidat a également réussi ces deux examens en version numérique qu’il peut s’inscrire auprès d’un centre d’examen et passer l’examen oral et l’examen pratique. Il n’y a pas de changements majeurs en ce qui concerne le contenu de l’examen et la préparation. Les contenus et les questions sont simplement adaptés aux exigences actuelles. Les examens ne devraient en être ni plus simples, ni plus difficiles. Une version de démonstration des nouveaux examens électroniques sera mise en ligne sur www.cambus.ch au cours de l’été. Réorganisation des responsabilités L’organisation des examens OACP est confiée à l’Astag et aux Routiers Suisses qui assument conjointement la responsabilité opérationnelle de l’organisation des deux derniers examens partiels. Les Routiers Suisses sont responsables de la gestion de l’organisation des examens OACP. «En date du 11 mai 2023, l’Asa a pu signer avec les deux organisations suivantes, l’Astag et Les Routiers Suisses, le mandat de prestations des examens OACP en ce qui concerne les parties orale et pratique», a communiqué l’Asa. Comme cela est déjà le cas aujourd’hui, le candidat pourra passer ces examens dans différents centres d’examen répartis sur l’ensemble du territoire suisse. Cela aussi bien en allemand qu’en français et en italien. Coordination et administration A partir du 1er janvier 2024, c’est l’Asa qui assumera la coordination et l‘administration de ces examens. Dans le système de gestion des examens, le candidat peut consulter à tout moment son statut en matière d’examens et, après avoir réussi les trois premières épreuves partielles, s’inscrire aux autres épreuves partielles auprès de l’organisation des examens OACP. Les experts aux examens disposent d’une attestation de formation établie par l’Asa et sont en mesure de justifier des formations continues régulières. Dans toutes les parties de l’examen, les questions d’examen sont analysées avec les professionnels de la branche. Leur contenu est évalué et développé afin de répondre aux exigences actuelles. La marche à suivre en 2024:

3 6 / 2023 ASSOCIATION LE MESSAGE DU PRÉSIDENT CENTRAL DE L’ASSOCIATION «LES ROUTIERS SUISSES» «Nous avons plus que jamais besoin d’une Convention collective de travail! Des places de stationnement en nombre suffisant et des endroits qui permettent de passer une bonne nuit de repos sont indispensables afin que les chauffeurs puissent exercer dignement leur profession. Il en va de même pour le versement de salaires dignes de ce nom. Une majorité d’entreprises versent certes des salaires qui peuvent être qualifiés de «satisfaisants» à «bons», mais il y en a encore trop qui versent des salaires avec lesquels il n’est pas possible de vivre en Suisse. Des conditions de travail acceptables nous font encore souvent défaut. Les congés et le nombre total d’heures de travail hebdomadaires doivent par exemple être adaptés aux autres professions. Dans bien des entreprises de transport, les chauffeurs ne savent souvent pas s’ils seront en mesure de rentrer chez eux le soir. Cela notamment pour les trois raisons suivantes: le chauffeur perd un temps précieux car certains clients exigent qu’il doit lui-même décharger et charger son camion; le fait de ne pas dépasser les temps de conduite et de repos réglementaires qui l’oblige à s’arrêter plus tôt que prévu; les bouchons. Du coup, il est pratiquement impossible de participer à la vie d’un club et l’environnement social du chauffeur s’en ressent. A cela s’ajoute le dumping salarial pratiqué par certaines entreprises de transport. Celles-ci se vantent par exemple d’engager trois chauffeurs étrangers pour le prix d’un seul chauffeur suisse! D’où nos revendications en faveur d’un salaire minimum et d’une convention collective de travail. Afin de soulager les chauffeurs, nous revendiquons aussi que le prix de la formation continue obligatoire doit être prélevé sur les recettes de la Redevance poids lourds liée aux prestations (RPLP). Etant donné qu’un certain nombre d’entreprises consacrent déjà du temps ou participent financièrement à ces cours, cela ne devrait pas constituer un problème insurmontable! On ne s’étonnera pas ainsi que de moins en moins de jeunes optent pour le métier de chauffeur. Si nous ne réagissons pas maintenant, nous n’aurons bientôt plus aucun chauffeur qui parlera le Schwyzertütsch en Suisse alémanique. Il est temps que cela change afin de donner envie à notre jeunesse de choisir notre beau métier. Markus Odermatt, président central des Routiers Suisses PHOTO: LAURENT MISSBAUER Bucher Municipal AG • Murzlenstrasse 80 • CH-8166 Niederweningen info.ch@buchermunicipal.com • www.buchermunicipal.com Bucher MaxPowa V120 Un paquet de puissance performant pour des routes propres Venez nous rendre visite du 6 au 9 juin 2023 à Berne : Hall 20 - Stand D02

4 SWISS CAMION RUBRIQUE JURIDIQUE Selon la loi en vigueur, dans ce type de situation, c’est une procédure civile qui peut être engagée. Une initiative parlementaire souhaite désormais dénoncer l’insuffisance de notre loi actuelle. La nouvelle proposition rendrait ainsi possible la poursuite pénale dans de tels cas. La commission des affaires juridique du Conseil des Etats a donné suite à cette initiative, tout comme l’avait fait sa commission sœur avant elle. Elle estime en effet la procédure civile actuellement en vigueur comme insuffisante pour agir contre les entreprises qui offrent des services tout en sachant que les conditions de travail imposées ne pourront pas être respectées. Un préjudice considérable Le non-respect des conditions de travail prescrites par la loi cause un préjudice considérable aux tiers notamment aux entreprises qui, elles, respectent ces mêmes prescriptions. Pour être concurrentiel, il faut offrir le prix le plus bas, mais, comme pour tous les marchés, il y a des limites et, arrivé un certain stade, le seul moyen de continuer à faire descendre les prix est de ne plus respecter certaines règles. Par exemple, en ne respectant pas les contions de travail imposées Une initiative parlementaire introduit la poursuite pénale pour les cas de non-respect des conditions de travail obligatoires et, de ce fait, de concurrence déloyale qualifiée de la part des entreprises. TEXTE: SARAH AMAT Des poursuites pénales en cas de non-respect des conditions de travail obligatoires par la loi, en fraudant au niveau des assurances sociales ou encore en ne rémunérant pas conformément aux salaires minimaux en vigueur, lorsqu’il en existe. Ces actions ne peuvent pas être cautionnées et il serait opportun d’avoir plus de moyens de les empêcher afin d’avoir un marché sain. Pour le bien des travailleurs Cette initiative vise donc à faire respecter les dispositions sociales obligatoires. Cela pour le bien des différents marchés, des entreprises concurrentes, mais également et surtout des travailleurs. Le fait de rajouter de tels comportements à la liste des comportements qui sont punissables sur plainte permettra de mieux lutter contre la fraude aux assurances sociales ainsi que contre la sous-enchère salariale. Route de la Chocolatière 26, 1026 Echandens / Tél. 021 706 20 00 - www.routiers.ch Vous avez acheté la voiture de vos rêves? Offrez-lui la meilleure couverture! Contactez-nous pour une offre au téléphone 021 706 20 00 ou par courriel: avantages@routiers.ch Nous vous enverrons notre meilleure offre. Allianz vous couvrira à la hauteur de vos attentes.

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6 SWISS CAMION ACTUALITÉS Non, il n’y a pas que Hyundai qui est présent en Suisse avec des poids lourds à hydrogène. Il y a également le constructeur allemand Après un premier camion de collecte des déchets à motorisation hybride en 2013, puis, quatre ans plus tard, un premier camion électrique, l’entreprise Haldimann de Morat (FR) dispose désormais d’un Enginius Bluepower à hydrogène. TEXTE: LAURENT MISSBAUER Enginius, dont Larag assure en exclusivité la représentation en Suisse. Et c’est justement un Enginius Bluepower à hydrogène qui est actuellement en service dans l’entreprise Haldimann à Morat (FR). Aucune émission de CO2 «C’est le premier camion de collecte de déchets de ce genre à fonctionner à l’hydrogène en Suisse», relève fièrement le directeur Christian Haldimann. «Avec nos deux autres camions électriques, il permet à notre entreprise de franchir un pas important vers la mobilité durable. Et comme ce camion ne rejette que de la vapeur, il n’émet aucune émission de CO2.» «Un autre avantage d’un tel camion à hydrogène est qu’il ne lui faut que 7 à 15 minutes pour faire le plein. C’est beaucoup plus rapide que de recharger un camion électrique», précise Christian Haldimann. Le seul problème est que les stations-service à hydrogène sont encore rares en Suisse. Il n’y en a en effet que 14 pour l’instant. Fort heureusement pour Haldimann, la station-­ service à hydrogène exploitée à Monsmier (BE) par l’entreprise Schwab-Guillod, spécialisée dans les fruits et légumes (cf. SWISS CAMION 1/2022), ne se trouve qu’à une dizaine de minutes. «Pour nous, cette station-service de Monsmier constitue vraiment une solution idéale», se réjouit Christian Haldimann. Tous ceux qui souhaiteraient en savoir davantage sur ce camion Enginius Bluepower à hydrogène peuvent contacter Stefan Thalmann*, chef de projet chez Larag. * stefan.thalmann@larag.com The National Map Les Routiers Suisses | Route de la Chocolatière 26 1026 Echandens | 021 706 20 00 |www.routiers.ch Cette application recense :  De nombreux restaurants dans toute la Suisse avec l'itinéraire intégré  Des places de parc adaptées aux poids lourds  Des stations-service à votre proximité avec les détails de leurs infrastructures  Les ateliers de réparation et les stations de lavage adaptées à chaque véhicule Un Enginius à hydrogène pour Haldimann PHOTO: HALDIMANN

7 6 / 2023 Avec l’AGROLA energy card, vous pouvez vous ravitailler sans numéraire à plus de 400 stations-service. Vous n’avez aucune redevance annuelle à payer et recevez une facture mensuelle conforme à la TVA. Vous recevez un point AGROLA energy club pour chaque litre de carburant acheté. Vous bénéficierez ainsi de nombreuses offres et réductions intéressantes. Demandez votre carte gratuite maintenant! agrola.ch/energycard/fr FAITES LE PLEIN ET COLLECTEZ DES POINTS! Swiss Camion_2023-06-01_F.indd 1 16.05.2023 09:01:47 Trois nouveaux Iveco pour Baudin Transports Beaucoup de choses ont changé depuis l’article que nous avions consacré il y a six ans à Baudin Transports à Pampigny (VD), près de Morges. Son patron Serge Baudin (59 ans) est certes toujours à la tête de son entreprise avec son épouse Laurence, mais son parc de véhicules, qui comprend 15 camions, compte désormais un tiers d’Iveco. Si, lors de notre article de 2017, l’entreprise Baudin Transports n’avait qu’un seul Iveco, elle en a aujourd’hui cinq, dont trois nouveaux X-Way. Le 40e anniversaire en 2024 «Sur ces trois camions, il y a tout d’abord eu le Multibennes Marrel sur un châssis AD 190×40 P à deux essieux avec 400 ch. Il a été suivi du tracteur AT 440×48 TP de 480 ch avec cabine profonde et, enfin, du Multilift Notter sur un châssis AD 360×48 Z HR, de 480 ch lui aussi», détaille Jean-Luc Liardon, conseiller de vente Iveco à Morges (VD). «Ce sont vraiment de très bons camions et le Multilift Notter est le dernier arrivé. Il nous a été livré il y a deux semaines», note Serge Baudin qui est membre des Routiers Suisses depuis l’âge de 16 ans. «En fait, dePHOTO: LAURENT MISSBAUER Une partie des collaborateurs de Baudin Transports pose devant les trois nouveaux camions Iveco avec, au milieu, Serge Baudin, son épouse Laurence et Jean-Luc Liardon, conseiller de vente Iveco à Morges. puis que j’ai commencé mon apprentissage de chauffeur chez Usego», précise-t-il. En 2024, l’entreprise Baudin Transports fêtera les 40 ans de sa fondation. «Pour ce 40e anniversaire, j’espère terminer à temps la restauration de mon Berna 290. Si sa mécanique est encore en très bon état, il n’en va pas de même pour sa carrosserie», nous a expliqué Serge Baudin. Laurent Missbauer ACTUALITÉS

8 SWISS CAMION ELEMENTE Pour se rendre au Tessin par le San Bernardino, il faut s’armer de patience. L’année dernière, à la Pentecôte, le trafic était bloqué depuis le rétrécissement de la voie près de Reichenau (GR) jusqu’à Trübbach (SG), soit 40 km de bouchons. Il est peut-être compréhensible que la patience d’un automobiliste bloqué dans un embouteillage soit parfois mise à mal. Le fait que ce même automobiliste emprunte même des pistes cyclables parce que les routes des villages situés le long de l’autoroute sont également encombrées, semble cependant irréfléchi. De leur côté, les habitants des régions concernées ont également perdu patience. La police cantonale a donc commencé à emEn direction du San Bernardino, il existe un goulet d’étranglement, situé sur l’autoroute entre Reichenau et Rothenbrunnen. S’il y a des embouteillages, les villages situés le long de l’autoroute sont peu après également engorgés. TEXTES ET PHOTOS: DANIEL VON KÄNEL pêcher, dans de telles situations, le déplacement du flux de véhicules vers Rhäzüns et Bonaduz. Seuls les riverains, les véhicules de desserte et les bus de ligne pouvaient encore traverser ces villages. La police cantonale a ensuite étendu ces mesures aux villages de Cazis et de Fürstenau. Mais la conclusion de la police cantonale n’était pas particulièrement réjouissante: la signalisation seule ne suffit pas. Il faut beaucoup de contrôles, ce qui mobilise du personnel et pousse la police dans ses derniers retranchements. Le Canton a fait pression sur Berne Le problème, outre le volume de trafic toujours plus important, est le goulet d’étranglement entre Reichenau et Rothenbrunnen. En effet, l’A13 y est aménagée en semi-autoroute, avec une voie de circulation dans chaque sens. Il y a cinq ans, le Gouvernement grison avait déjà demandé à la Confédération d’accorder une plus grande priorité à l’élargissement à quatre voies dans ce secteur, ce qui nécessite également la construction d’un deuxième tunnel à Isla Bella. Depuis 2021, des travaux sont effectivement en cours sur ce tronçon. Mais pas dans les proportions souhaitées par le Canton des Grisons. Il s’agit avant tout d’un projet d’assainissement. Selon l’Office fédéral des routes (Ofrou), le tronçon de route Des mesures afin de protéger les villages engorgés le long de l’A13 Ici, près de Coire, l’autoroute est encore à quatre voies. Dès Reichenau, elle se transforme cependant en une semi-autoroute à deux voies jusqu’à Rothenbrunnen, ce qui occasionne de nombreux bouchons que les automobilistes essaient de contourner en traversant les villages le long de l’A13, qui se retrouvent à leur tour engorgés!

9 6 / 2023 RÉSEAU ROUTIER Le Canton d’Uri souhaite lui aussi des mesures Rouler librement sur l’autoroute à travers le canton d’Uri, avec le Bristen en point de mire et la perspective d’une traversée du Gothard sans embouteillages? Cela existe, comme le montre l’image ci-dessus. Avant ou pendant les jours fériés ou au début des vacances, la situation est cependant tout autre dans ce canton situé sur l’axe principal nord-sud. Des kilomètres de bouchons sur l’autoroute et des villages encombrés de voitures, pris en étau entre l’autoroute, la voie ferrée et les montagnes. Le parlement du Canton d’Uri a chargé le gouvernement cantonal d’élaborer une initiative cantonale demandant une meilleure gestion du trafic dans le tunnel routier du Gothard, ainsi qu’une gestion des sorties et des entrées de l’autoroute permettant de délester les routes cantonales du trafic d’évitement. A moyen terme, il est prévu d’introduire un système de créneaux horaires dans lequel les traversées du Gothard doivent être réservées à l’avance. Cela va beaucoup plus loin que les efforts déployés jusqu’à présent pour fermer les entrées d’autoroute de Göschenen, Wassen et Amsteg en cas d’embouteillage devant le portail nord du Gothard. Mais qu’est-ce qu’une initiative cantonale? Chaque canton a le droit de soumettre une initiative à l’Assemblée fédérale. Un canton peut l’utiliser pour proposer qu’une commission élabore un projet d’acte législatif pour l’Assemblée fédérale. Ces initiatives doivent être examinées au préalable. L’examen préalable est du ressort des commissions du Conseil national et du Conseil des Etats qui sont compétentes dans le domaine concerné. Si une commission n’est pas d’accord, c’est le Conseil qui décide. S’il n’est pas d’accord non plus, l’initiative est transmise à l’autre conseil après examen préalable réalisé par sa commission. Le second rejet prononcé par un conseil est définitif. Si les conseils donnent suite à une initiative cantonale, celle-ci est à nouveau transmise à l’une d’entre elles pour un premier traitement et la commission compétente élabore alors un projet dans un délai de deux ans. CONSTRUCTION DE VÉHICULES RÉPARATIONS CENTRE D’ASSISTANCE Solutions de transport innovantes conçues en Suisse! lanz-marti.ch Nous développons sans détour pour vous permettre de mieux négocier les virages – Votre constructeur de véhicules dévoué corps et âme! LM_Inserat-SwissCamion_6-19_230509.indd 2 09.05.23 07:43 nationale A13 entre la jonction de Rothenbrunnen et la jonction de Reichenau a été mis en service en 1983. L’augmentation du trafic, l’utilisation de sels de déneigement ainsi que le processus de vieillissement habituel auraient entretemps fortement endommagé la route et les ouvrages d’art de ce tronçon. C’est pourquoi le tracé et les ponts, ainsi que les tunnels d’Isla Bella (2449 m) et de Plazzas (254 m) devraient être entièrement rénovés et mis aux normes actuelles de construction et de sécurité. Une nouvelle galerie de sécurité sera construite à cet effet au niveau du tunnel Isla Bella, mais en revanche pas de deuxième tube routier, qui constituerait un projet à long terme. Etude de projet et définition des priorités L’Ofrou a maintenant lancé une étude de projet complète. «L’objectif de cette étude est d’élaborer une solution respectueuse de l’environnement et justifiable sur le plan économique, afin d’assurer une liaison fonctionnelle entre les routes nationales et de prévenir le trafic d’évitement à travers les localités», a relevé l’Ofrou. L’accent est mis sur des mesures à long terme. Et le résultat de l’étude de projet doit être intégré dans le prochain programme de développement stratégique des routes nationales (PRODES 2026) de la Confédération. Cela signifie que ce tronçon est remonté dans la liste des priorités. Actuellement, l’A13 entre Reichenau et Rothenbrunnen figure dans la rubrique «autres horizons de réalisation», qui représentent des projets agendés après 2040. Parallèlement, le Canton des Grisons élabore, dans le cadre du «concept de gestion du trafic dans les Grisons», des mesures réalisables plus tôt afin d’empêcher au mieux le trafic d’évitement par les traversées de localités. Une accélération dans ce domaine est souhaitable. Les seules mesures que le Canton peut prendre ne permettent pas de trouver une solution à long terme. «Ce trafic d’évitement, qui encombre la traversée des localités entre Thusis et Coire, nuit à la qualité de vie des habitants», note l’Ofrou. «La croissance générale du trafic et l’augmentation du trafic de loisirs ne feront qu’aggraver ces effet négatifs dans les années à venir.»

10 SWISS CAMION SÉRIE «JEUNES CHAUFFEURS» «Kuljetus Oy», peut-on lire sur la visière qui surmonte le pare-brise du Volvo FH 540 de Loïc Lathion, le jeune chauffeur de ce mois. Mais qu’est-ce que cela peut-il bien signiPassionné de camions depuis son enfance, Loïc Lathion (20 ans) a eu la chance de faire de sa passion son métier. Reportage. Ma passion?C’est mon métier! TEXTES ET PHOTOS: LAURENT MISSBAUER fier? «Cela veut dire compagnie de transport en finnois. Ces deux mots sont d’ailleurs accompagnés, à gauche et à droite, d’un drapeau finlandais», nous répond Loïc Lathion Le chauffeur Né le 18 novembre 2002, Loïc Lathion est un grand passionné de camions. «Ils me fascinent depuis mon plus jeune âge. Mon père a toujours conduit des camions et il en était de même pour mes deux grands-pères, Francis Moix et Antoine Lathion», nous explique Loïc Lathion. Cette passion pour les poids lourds ne le quitte pas pendant ses loisirs durant lesquels il bichonne avec son père plusieurs anciens camions, notamment un Volvo NH 12 construit au Brésil. L’employeur Lathion Group, société anonyme basée à Sion (VS), a été fondée en 1918 par Jules Lathion qui avait commencé à transporter du charbon à dos de mulet. Active ensuite dans le transport de matériaux pour la construction des barrages, notamment ceux de la Grande Dixence et de Cleuson, elle a rapidement remplacé les mulets par des véhicules à moteur. Aujourd’hui, Lathion Group est actif dans les domaines du transport, de la production de matériaux pierreux et du recyclage. qui adore les pays d’Europe du Nord: «Je suis d’ailleurs déjà allé plusieurs fois en vacances en Norvège, en Suède et en Finlande.» «Lathion & Son Akeri AB» Ces voyages lui ont permis d’apprendre l’un ou l’autre mot en finnois ou en suédois. Sur la portière de l’un de ses anciens Loïc Lathion ne tarit pas d’éloges sur son Volvo FH 540: «C’est un véritable bijou. Son confort est excellent et il en va de même pour sa boîte I-Shift.» Mais que signifient donc les deux mots «Kuljetus Oy» sur la visière du camion? Arnaud Lathion et son fils Loïc devant l’inscription «Lathion & Son Akeri AB» qui figure sur la portière de l’un de leurs anciens camions.

11 6 / 2023 Quand un Volvo déverse du gravier dans un autre Volvo, en l’occurrence le FH 540 conduit par Loïc Lathion, notre jeune chauffeur de ce mois. camions, qu’il aime conduire pendant ses loisirs, il a ainsi écrit «Lathion & Son Akeri AB». Cette fois-ci, c’est du suédois. «Cela signifie Entreprise Lathion & fils SA», nous traduit Loïc Lathion. C’est à ce moment qu’arrive son père Arnaud Lathion, qui, avec ses cousins, est à la tête de cette entreprise de transport fondée en 1918 par Jules Lathion. Nous ne ratons pas alors l’occasion de photographier le père et son fils devant cette insolite raison sociale en suédois! Tous deux aiment beaucoup les camions suédois, aussi bien les Volvo que les Scania que Loïc Lathion place au même niveau d’excellence. «Je suis incapable de dire quelle marque est la meilleure. Je les apprécie toutes les deux, à égalité. D’ailleurs, dans notre entreprise, nous avons 15 Volvo et également 15 Scania», précise Loïc Lathion que nous accompagnons lors de plusieurs transports de gravier entre la forêt de Finges, près de Sierre, et la centrale à béton du Groupe Volken à Leukerfeld, près de Loèche dans le Haut-Valais. Un travail très varié Au volant, Loïc Lathion ne cache pas sa joie: «J’adore rouler. C’est ma passion et, pour rien au monde, je n’exercerai un autre métier. Enfant et adolescent, j’accompagnais toujours mon père dès que j’avais un jour de congé. Du coup, quand le moment de choisir Loïc Lathion suit le chargement de gravier dans ses rétroviseurs, en haut à gauche, ainsi que sur l’écran du tableau de bord. un apprentissage s’est présenté, je me suis décidé pour celui de conducteur de véhicules lourds dans l’entreprise familiale.» Ce qu’il adore aussi, c’est son Volvo FH. «C’est un véritable bijou. Son confort est excellent et il en va de même pour sa boîte I-Shift», note Loïc Lathion qui ne tarit pas d’éloges sur les différents détails qui contribuent à améliorer la sécurité. Cela va des rétroviseurs extérieurs, qui sont très fins afin d’entraver le moins possible la vue du chauffeur quand il regarde à travers la vitre latérale, aux différentes caméras. Celles-ci permettent par exemple à Loïc Lathion de suivre le déchargement du gravier dans la benne de son camion. Ce que notre jeune

12 SWISS CAMION Quelques gouttes de pluie commencent à tomber, c’est le moment de se mettre à l’abri et d’effectuer une photo originale du Volvo FH de «Lathion Kuljetus Oy». SÉRIE «JEUNES CHAUFFEURS» Ce NH12 est l’un des très rares Volvo «Made in Brazil» de Suisse. «Je l’ai acheté il y a deux ans dans le Haut-Valais», nous a expliqué Loïc Lathion. chauffeur apprécie également dans son métier, c’est qu’il est très varié. «Un jour, je peux conduire un camion avec une benne et, le lendemain, je peux être appelé à travailler avec un camion-citerne. Je roule avant tout dans le Valais central et dans le Haut-­ Valais, mais j’ai déjà quitté plusieurs fois mes montagnes», rigole Loïc Lathion. «Pour mon travail, j’ai déjà eu l’occasion d’aller non seulement à Zurich, mais également en Italie, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas.» Un Volvo NH12 «Made in Brazil» Et si Loïc Lathion a besoin de davantage d’exotisme, il le trouvera certainement dans son magnifique Volvo NH12 à museau. «Il s’agit de l’un des très rares Volvo construits au Brésil à rouler aujourd’hui en Suisse. Il a été vendu neuf aux Pays-Bas en 2001 et je l’ai acheté il y a deux ans dans la vallée de Conches», relève Loïc Lathion. Cette passion des anciens camions, il la partage volontiers avec son père Arnaud. Quelques jours après notre reportage, ils ont d’ailleurs participé tous les deux à une rencontre d’anciens véhicules. Chacun, il va de soi, au volant de son propre camion! Loïc Lathion immobilise ici son Volvo FH540 sur la balance de la centrale de béton du Groupe Volken à Leukerfeld, près de Loèche.

13 6 / 2023 ACTUALITÉS CARBURANTS ALTERNATIFS La Suisse romande compte désormais une seconde station-service à hydrogène Avia a inauguré le 10 mai à Puidoux (VD) la seconde station-service à hydrogène de Suisse romande après celle que Coop exploite depuis deux ans à Crissier (VD). Au niveau national, ce sont désormais 14 stations-service à hydrogène qui sont opérationnelles. Lors de l’inauguration de la station de Puidoux, c’est un camion Hyundai Xcient à hydrogène qui a été accueilli par six joueurs de cor des Alpes. Les objectifs du constructeur coréen, qui prévoyait la circulation en Suisse de 196 camions Xcient en 2022 et de 800 autres douze mois plus tard, n’ont cependant pas été atteints. Seuls 47 camions Hyundai à hydrogène circulent actuellement dans notre pays. Mais d’autres constructeurs arrivent. C’est déjà le cas de l’Enginius Bluepower utilisé depuis le mois d’avril à Morat (FR) par Haldimann (lire en page 6). Volvo annonce pour sa part la commercialisation de ses premiers camions à hydrogène pour «la seconde moitié de cette décennie». Enfin, en plus des sites de production d’hydrogène vert déjà opérationnels à Niedergösgen (SO) et à Kubel (SG), deux autres sont actuellement en construction à Schiffenen (FR) et à Reichenau (GR). Un troisième site est quant à lui en préparation à Bürglen (UR), comme on peut le voir sur la carte ci-contre. Laurent Missbauer COMMENTAIRE SUR LA RÉCENTE ASSEMBLÉE DES DÉLÉGUÉS DE L’ASTAG Non, les bouchons ne sont pas «les premiers tueurs d’emploi» dans notre branche! Que faut-il retenir de l’assemblée des délégués de l’Astag qui a eu lieu le 10 mai dernier à Neuchâtel? Pour notre part, nous retiendrons que les responsables de l’Association suisse des transports routiers – plus exactement l’association des entrepreneurs actifs dans les transports routiers – tiennent un discours plein de contradictions. Son président, le conseiller aux Etats argovien Thierry Burkart, a par exemple relevé que l’Astag poursuivrait avant tout deux buts cette année: la promotion de la relève et le renforcement de sa présence dans les médias. A la lecture du communiqué de presse que l’association a publié au terme de l’assemblée des délégués, on se dit que la poursuite de ces deux buts ne débute pas de la meilleure façon. Ce communiqué de presse était en effet intitulé «Promotion de la relève: l’industrie des transports routiers a le vent en poupe – les embouteillages sont les premiers tueurs d’emploi». Le fait d’évoquer, dès le titre du communiqué de presse, que les transports routiers sont confrontés aux embouteillages ne nous semble pas être très judicieux pour attirer les nouveaux chauffeurs dont notre économie a pourtant cruellement besoin. Par ailleurs, prétendre que «les bouchons sont les premiers tueurs d’emplois» confine à de la malhonnêteté intellectuelle. Il y a certes de rééls problèmes de circulation sur plusieurs de nos axes autoroutiers et aux abords de certaines villes, mais il existe également de nombreuses routes de notre si beau pays où les chauffeurs ne sont pas confrontés au moindre bouchon. Et si des bouchons devaient quand même se produire, notamment aux heures de pointe que les transporteurs futés savent éviter la plupart du temps, il est tout simplement malhonnête de les qualifier de «premiers tueurs d’emplois». Ce qui rend difficile le recrutement de nouveaux chauffeurs, ce ne sont pas les bouchons, mais bien l’absence de conditions salariales attrayantes. Et ce n’est pas le fait de répéter ridiculement à trois reprises consécutives: «Nos salaires sont fair-play dans notre branche», comme l’a fait durant l’assemblée des délégués André Kirchhofer, vice-directeur de l’Astag, qui rendra ces conditions salariales attrayantes et qui incitera nos jeunes ainsi que les «Quereinsteiger» – ces personnes qui, à un moment donné, souhaitent réorienter leur carrière professionnelle – à devenir chauffeurs! Surtout si on leur fait peur en prétendant de façon fallacieuse que «les bouchons sont les premiers tueurs d’emplois» dans notre branche! Laurent Missbauer, rédacteur en chef de SWISS CAMION PHOTO: LAURENT MISSBAUER PHOTO: AVIA - - -

14 SWISS CAMION Hans Lütolf (à droite), le patron du Buffet de la Gare de Gampel-Steg, et Kurt Imboden, membre du comité de la section Haut-Valais des Routiers Suisses. «Autrefois, les chauffeurs jouaient encore aux cartes le soir», se souvient Hans Lütolf. «Parfois, nous leur laissions la clé et nous allions nous coucher. Les clients payaient leur dû en posant l’argent sur la table et il ne manquait jamais un centime!» Les personnes assises à notre table acquiescent. Ils ont tous vécu «ce bon vieux temps», du moins en partie. Il s’agit de Nicole Lütolf, fille du patron et cuisinière, de Peter Blöchlinger, président de la section Haut-Valais des Routiers Suisses, et de Kurt Imboden, membre du comité de la section Haut-Valais, qui a adhéré à la section peu après sa création et qui, comme Hans Lütolf, a déjà reçu le diplôme marquant ses 50 ans de sociétariat. Le métier de chauffeur a changé. Aujourd’hui, il n’est plus question de boire de l’alcool et de jouer aux cartes jusque tard dans la nuit. Pourtant, les chauffeurs font Cela fait plus de 50 ans que Hans Lütolf tient le Buffet de la Gare à Gampel-Steg. Très proche de la section haut-valaisanne des Routiers Suisses, il rendra son tablier à la fin du mois de juin. TEXTE ET PHOTOS: DANIEL VON KÄNEL toujours partie de la clientèle du Buffet de la Gare. «Mais il y en a moins qu’à l’époque», constate Hans Lütolf. Cependant, l’attachement à ces derniers et à la section haut-valaisanne des Routiers Suisses, qui a toujours tenu ses assemblées générales et autres manifestations dans ce relais, est resté intact. «Nous avons toujours eu de très bonnes relations avec Hans. Il n’y a jamais eu le moindre désaccord entre nous», relève Peter Blöchlinger. «Lorsque nous organisions encore un gymkhana, il s’occupait du ravitaillement et était toujours très généreux!» Et cela vaut également pour les nombreuses assemblées générales et autres repas annuels. Peter Blöchlinger associe également le Buffet de la Gare à de nombreux autres événements, que ce soit dans le cadre de son travail ou de son temps libre. La preuve? Il y a même rencontré sa femme! Médaillé d’or en 1977 Le père de Hans Lütolf a acheté le restaurant en 1942 déjà. Il a lui-même suivi un apprentissage de cuisinier, à l’Hôtel Victoria à Brigue, avant de passer quelques années à voyager dans l’hôtellerie suisse haut de Le fanion de la section Haut-Valais des Routiers Suisses figure en bonne place. Hans Lütolf: «Les chauffeurs ont toujours occupé une place importante dans mon cœur»

15 6 / 2023 Le Buffet de la Gare de Gampel-Steg est affilié depuis plus de 50 ans aux Routiers Suisses. La famille Lütolf, aux commandes de ce relais routier depuis 1942, se retirera à fin juin. gamme. Il a ensuite repris l’auberge de ses parents en 1969, avec sa femme, décédée il y a quelques années. Hans Lütolf est un véritable gastronome, dans le sens le plus noble du terme. Il a ainsi enseigné la cuisine pendant 30 ans à l’Ecole professionnelle de Brigue. Pendant 10 ans, il a aussi été membre de l’«Equipe valaisanne des cuisiniers» et a remporté avec elle la médaille d’or au Salon culinaire mondial de Bâle en 1977. Bien qu’il ait gagné ses galons professionnels dans la haute gastronomie, il a toujours tenu à proposer au Buffet de la Gare une cuisine non seulement savoureuse, mais également abordable et en mesure de redonner bien des forces à sa clientèle d’ouvriers et de chauffeurs. Ces derniers ont toujours été importants pour Hans Lütolf: «Ils ont toujours occupé une place importante dans mon coeur et nous avons toujours tenu à ce qu’ils soient toujours bien reçus chez nous!» «Je referais la même chose» Le fanion de la section du Haut-Valais figure en bonne place dans une vitrine du restaurant. Il en va de même pour le diplôme des 50 ans d’adhésion aux Routiers Suisses. «Je n’ai pas encore retiré la pannonceau des Routiers Suisses», note Hans Lütolf en faisant référence à l’enseigne des relais membres de notre association. L’avenir du Buffet de la Gare n’est pas encore connu. Quelqu’un continuera-t-il à l’exploiter en tant que relais affilié aux Routiers Suisses? Des discussions De gauche à droite: Kurt Imboden, Nicole Lütolf, Hans Lütolf et Peter Blöchlinger. Les Routiers Suisses sont bien présents: ci-dessus, le diplôme remis à l’occasion des 50 ans de sociétariat de Hans Lütolf et, ci-contre, le pannonceau des relais routiers. à ce sujet sont en cours actuellement. Pour Nicole Lütolf, la fille du patron, la question ne se pose pas: «Pour moi, c’est une opportunité de faire quelque chose de nouveau.» Pour Kurt Imboden, routier haut-valaisan de la première heure, il serait bien que les membres de la section puissent continuer à se réunir au Buffet de la Gare: «Ici, la tradition est toujours bien vivante», affirme-t-il. Peter Blöchlinger abonde dans son sens. En revanche, le temps de Hans Lütolf en tant que gérant de ce relais routier sera définitivement terminé d’ici à la fin du mois de juin. «Nous y avons passé de bons moments. Même si cela n’a pas toujours été facile, je referais exactement la même chose», conclut Hans Lütolf. PORTRAIT

16 SWISS CAMION Lorsque le chauffeur Louis Keller effectue le contrôle de départ autour de son Renault Trucks C520 EVO, le Stanserhorn est encore dans la pénombre. Ce n’est que lorsqu’il quittera le siège de Niederberger Transport, à Alpnach (OW), que le jour se lèvera. La mission qu’on lui a confiée est la suivante: aller à Attinghausen, dans le canton d’Uri, charger des gravillons. «Nous avons besoin de gravillons d’un diamètre de deux à quatre millimètres», explique Louis Keller. «Il s’agit d’une granulométrie très fine pour la production de l’asphalte.» La remorque est remplie godet par godet à l’aide d’une chargeuse à pneus. Avant de quitter le site, il faut encore passer sur la balance. Celle-ci indique 40 tonnes, presque au gramme près. «Nous avons donc maintenant une cargaison de 25 tonnes de gravillons», relève Louis Keller. Des aides pour le chauffeur Peu après, notre chauffeur roule à nouveau sur l’autoroute, en direction du tunnel du Gothard cette fois-ci. «Je transporte ces gravillons jusqu’au Tessin, dans une usine de fabrication de revêtements bitumeux», m’explique Louis Keller. La traversée du tunnel exige encore plus de concentration que d’habitude de la part du chauffeur. Il s’est du reste déjà fait dépasser dans le tunnel du Gothard. Cela malgré l’instauration de l’interdiction de doubler et de la limitation de vitesse. Le chauffeur doit donc toujours être sur ses gardes, mais il est aussi aidé dans cette tâche: régulateur de vitesse adaptatif, dispositif de freinage d’urgence et aide au maintien dans la voie ne sont que trois des nombreux dispositifs de sécurité dont est équipé son Renault Trucks C520 EVO. Après la sortie du tunnel, Louis Keller affiche un large sourire: «Maintenant, la végétation change complètement et l’environnement devient de plus en plus méridional», se réjouit-il, sans cacher qu’il aime beaucoup le Tessin. «Etre sur la route et admirer des paysages différents, c’est ce qui caractérise le métier de chauffeur», explique le Schaffhousois qui vit aujourd’hui en Suisse centrale. Chez Niederberger Transport, il en fait souvent l’expérience. Il se rend réguL’entreprise Niederberger Transport a besoin de véhicules robustes. C’est notamment pour cela que tous ses camions sont des Renault Trucks. TEXTE ET PHOTOS: DANIEL VON KÄNEL C’est dans cette carrière de granit de Lodrino que le Renault Trucks C520 EVO de Louis Keller est allé chercher les pierres qui serviront à renaturer une rivière dans l’Emmental. lièrement au Tessin, mais aussi ailleurs en Suisse et parfois même à l’étranger. Son fret est cependant toujours composé de pierres. L’entreprise d’Alpnach travaille avec une rotation de 30 000 tonnes de pierres de granit en provenance de Suisse et de l’étranger. A cela s’ajoutent 20 000 tonnes de gravier, de gravillons, d’éclats d’ardoises, de cailloux et de gravats... Niederberger Transport compte sept salariés et possède, outre son siège principal à Alpnach, une succursale à Sankt Erhard (LU). Le parc de véhicules doit donc être résistant. Il doit également être apte à rouler aussi bien dans les carrières que sur autoroute. Niederberger Transport utilise exclusivement des Renault Trucks, à savoir cinq C520 dont trois camions à benne basculante et deux semi-remorques. Le dernier arrivé est le semi-remorque confié à Louis Keller. Ces camions verts ne portent d’ailleurs pas seulement le nom de l’entreprise en rouge, mais également celui du chauffeur. Un détour par le centre de contrôle Louis Keller est enfin arrivé à l’usine de revêtement bitumeux près de Lugano. Il bascule la benne et fait glisser le gravillon dans une fosse d’où il est acheminé par un «Le nouveau Renault Trucks C520 EVO? C’est un excellent outil de travail, à la fois robuste, puissant et économe!»

17 6 / 2023 EN COUVERTURE Louis Keller déverse dans le lit de l’Emme, près de Signau, les grosses pierres qu’il est allé chercher au Tessin afin de renaturer la rivière. L’entreprise Niederberger Transport dispose d’un site au Tessin. Le chauffeur y travaille ici avec une chargeuse sur pneus. Niederberger Transport dispose de cinq camions, tous des Renault Trucks, à la fois «robustes, puissants et économes en carburant»! tapis roulant dans un silo. Peu après, il est de nouveau en route vers sa prochaine destination, une carrière au sud de Biasca. Arrivé sur place, il active la fonction Optitrack de son tracteur. Ce système d’entraînement hydraulique offre un entraînement par moyeu de roue pour l’essieu avant, ce qui permet au Renault Trucks C520 EVO de gravir les pentes sur le terrain non stabilisé conduisant à l’endroit où le granit sera chargé. «Grâce à l’Optitrack, je dispose d’une traction similaire à celle d’un 4×4, mais avec une charge utile plus importante et une consommation réduite», note, enthousiaste, Louis Keller. Les pierres de granit pèsent entre deux et trois tonnes chacune. Louis Keller veille donc à ce qu’elles soient bien réparties dans la benne. Il contrôle ensuite le poids au moyen de la balance de son camion. Les 40 tonnes ne sont pas encore tout à fait atteintes. Sur une place à proximité, qui appartient à l’entreprise Niederberger et sur laquelle se trouvent un chargeur à roues ainsi que quelques pierres de granit, il charge encore une pierre plus petite afin d’atteindre les 40 tonnes. «Nous amenons maintenant tout ce chargement dans l’Emmental. Pour un tel trajet, je veux utiliser la charge utile de mon véhicule le plus précisément possible», m’explique-t-il. De plus, ce poids correspond toujours à la quantité commandée. Le chemin du retour en direction du Gothard passe par le nouveau centre de contrôle du trafic lourd de Giornico. Aucun camion qui traverse le Gothard depuis le sud ne passe à travers les mailles du filet. Ce contrôle est certainement une bonne chose, estime Louis Keller, mais le fait de couper l’élan de tous les camions au début de la forte montée vers le portail sud et de les obliger à redémarrer dans la pente n’est pas idéal, ni d’un point de vue écologique, ni d’un point de vue économique. Des pierres pour renaturer l’Emme Louis Keller est très satisfait des 520 ch de son Renault Trucks. «Ce d’autant plus que Louis Keller vérifie le poids de la charge à l’aide du pèse-essieu de son camion. Le C520 EVO est un excellent outil de travail. Louis Keller en est convaincu. la consommation est étonnamment faible malgré les 40 tonnes et les nombreuses montées.» C’est dans l’Emmental, près de Signau (BE), qu’il parvient à destination. Il manœuvre son semi-remorque en marche arrière sous un pont jusqu’à un chantier sur ou plutôt dans l’Emme. Cette rivière est en train d’être renaturée, notamment à l’aide de blocs de pierres du Tessin. Louis Keller les déverse au bon endroit et prend le chemin du retour. Et lorsqu’il fait le plein de son camion à Alpnach, le Stanserhorn est déjà presque complètement enveloppé par la lumière du soleil couchant!

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