Le baromètre des chauffeurs – Enquête de satisfaction au travail

Association Ausgabe-01-2025

Nous avons invité les chauffeurs à participer à une enquête de satisfaction dans le numéro 6 de notre magazine «SWISS CAMION». Les résultats que nous avons obtenus sont intéressants. Nous vous avons demandé de noter votre degré de satisfaction personnelle sur différents thèmes. Nous avons aussi demandé à quel point le sujet vous semblait important.

Un sondage montre comment le groupe qui répond se sent et constitue toujours un indicateur de la perception actuelle. A partir de quelques centaines de réponses déjà, les valeurs moyennes ne changent pratiquement plus. Avec l’évaluation statistique, certains points de vue extrêmes se fondent dans la masse et les résultats deviennent alors fiables. En ce qui concerne cette évaluation statistique, nous avons attribué une note aux réponses:

++: note 6 
+: note 5
~: note 4
–: note 3
– –: note 2

Il est intéressant de voir comment chaque thème est évalué et s’il est également pertinent et important. En ce qui concerne l’importance des sujets, les réponses sont proches les unes des autres et d’un bon niveau. Le plaisir à travailler est à la fois le critère le plus important et celui qui est le mieux noté, comme nous le constatons régulièrement. En principe, le métier de chauffeur est agréable. Nombreux sont ceux qui s’y adonnent avec plaisir, font preuve d’un bon engagement et ne pourraient pas s’imaginer faire autre chose. Cette évaluation montre également le haut degré de motivation personnelle que les chauffeurs apportent chaque jour à leur entreprise et à leurs clients. Pour le reste, la règle est la suivante: celui qui n’a pas de plaisir à faire ce travail ne restera pas longtemps dans la branche et n’aura pas assez de réserves pour en supporter les inconvénients.

Appréciation des supérieurs:

une note moyenne

L’estime des supérieurs est considérée comme presque aussi importante. Ici, l’évaluation est nettement plus basse. Il est intéressant de noter que les différences dans les réponses sont plus grandes. Si les uns pensent bénéficier d’une bonne estime, d’autres ressentent plutôt un manque de reconnaissance de la part de leurs supérieurs. Même si la médiocrité est moins présente dans ce domaine, le résultat est finalement moyen, en raison des grands écarts enregistrés dans les réponses. Ces différences sont probablement dues aux diverses cultures d’entreprise et aux différentes perceptions personnelles. En raison de ces fortes variations, on peut supposer qu’il existe un grand potentiel d’amélioration dans ce domaine. Les problèmes sont sans doute aussi souvent «faits maison» et pourraient probablement être facilement corrigés. L’appréciation de la part des clients est un peu mieux notée, mais ne peut généralement pas être améliorée aussi facilement.

Trafic routier: une note insuffisante

En ce qui concerne l’état de la circulation routière, la note est clairement insuffisante. Il en va de même pour l’estime que la société porte à la profession. Il n’est pas surprenant que les deux domaines coïncident. Dans le domaine de la circulation routière, la situation est souvent tendue. Sur la route, on se bat et certains automobilistes voient dans chaque chauffeur de camion un adversaire. A cela s’ajoutent trente ans de politique environnementale qui nous ont mis dans une mauvaise position. Bien que certaines choses se soient améliorées avec la pandémie, les chauffeurs ne reçoivent pas encore assez d’estime de la part de la société.

Salaire: résultat à peine suffisant

Le sentiment de sécurité au travail est noté positivement. Le marché du travail est actuellement favorable aux chauffeurs et ceux qui ne font pas d’erreur bénéficient d’un emploi sûr. S’il y a des problèmes, on peut trouver autre chose, du moins si l’on fournit la prestation demandée et que l’on ne fait pas preuve d’excès en matière d’exigences salariales. En moyenne, le salaire et le temps de travail sont jugés tout juste suffisants. Certains savent que la paie est peut-être juste suffisante, mais que le plaisir au travail est tout aussi important. Il en va de même pour le temps de travail. La semaine de 48 heures avec une marge de manœuvre vers le haut dissuade de nombreux jeunes d’embrasser cette profession. Le groupe d’âge jusqu’à 30 ans donne une note clairement insuffisante au temps de travail, tandis que le groupe des plus de 40 ans s’y est plutôt résigné. Cela n’est pas forcément lié à la paresse, mais plutôt à des changements de rôles dans la prise en charge de la famille. Les chauffeurs plus âgés savent en outre qu’avant, c’était encore pire, même si cela ne doit pas constituer une consolation. Les horaires de travail devraient soutenir la comparaison avec d’autres secteurs. Les lois, les prescriptions et les contrôles de police ainsi que les possibilités de développement personnel sont évalués légèrement moins bien. Les règles légales deviennent de plus en plus compliquées. Le volume de l’OTR1 est passé de 14 à 28 pages au cours des vingt dernières années... et ce sans que le texte ne soit plus simple ni les lettres plus grandes. Ce n’est qu’un exemple, d’autres réglementations ont également évolué dans ce sens. Il est vrai que les adaptations à la législation européenne ne simplifient pas la vie.

Contrairement au plaisir à travailler, les possibilités de développement personnel sont moins bien évaluées et considérées comme moins importantes. Il faut savoir que les personnes qui aiment leur travail ne veulent pas être «reléguées» au bureau. L’évolution de ces dernières années fait craindre à certains ce qui pourrait se passer dans les années à venir. Et ce, même si une chose est sûre: nous avons besoin des transports routiers et des personnes qui aiment faire ce travail et qui peuvent néanmoins être affectées ailleurs au cours de leur carrière.

Bus de ligne:insatisfaction plus élevée

Il est intéressant de noter qu’il y a des aberrations statistiques, c’est-à-dire des groupes particuliers qui obtiennent des résultats très différents. L’âge et la région n’ont que très peu d’influence sur les notes, sinon il devrait y avoir des raisons à cela. Ainsi, on peut constater que les chauffeurs de bus de ligne donnent de moins bonnes notes dans de nombreux domaines. Cela concerne le trafic, les lois, le temps de travail, le développement personnel ainsi que l’estime des supérieurs, des passagers et de la société. Il semble que le métier de chauffeur de bus de ligne entraîne une insatisfaction accrue. Les exigences des passagers ne sont pas toujours faciles à satisfaire et le soutien de l’entreprise fait probablement souvent défaut. La circulation en zone urbaine et les horaires de travail souvent fractionnés ne facilitent pas non plus les choses.

Les possibilités de développement personnel sont également considérées comme très variables selon les différents secteurs de transport. Alors que les transports de marchandises diverses sont évalués de manière très positive, les bus de ligne arrivent en queue de peloton, précédés de près par les secteurs du commerce de détail, du transport pour compte propre et du transport de conteneurs. En ce qui concerne le plaisir au travail, les bus de ligne et le commerce de détail obtiennent des résultats nettement inférieurs à tous les autres domaines. En revanche, les chauffeurs de car sont bien considérés, que ce soit par les clients, les supérieurs ou la société. La comparaison entre une petite entreprise de transport et une entreprise dite industrielle révèle de grandes différences dans l’évaluation des lois et du temps de travail. Les chauffeurs qui transportent les produits de leur propre entreprise ont moins de problèmes avec les lois et les horaires de travail. Leur situation est également un peu meilleure en ce qui concerne les salaires.

Note globale: une marge de progression

Une enquête révèle toujours l’impression personnelle des personnes interrogées. Cette impression peut être fondée sur des faits ou sur des émotions. Alors que certains se satisfont de peu, d’autres sont toujours insatisfaits, même s’ils obtiennent beaucoup plus. Dans l’ensemble, l’enquête montre l’état d’esprit des chauffeurs. Ce sondage se termine avec une moyenne générale de 4,27, assez proche d’une note que l’on peut qualifier de suffisante, tout en étant éloignée de ce que l’on appelle une bonne note. Il y a donc une belle marge de progression: profitons-en pour essayer de nous améliorer, tous ensemble!

Texte et Graphiques: David Piras