Durée de stationnement limitée

Association Ausgabe-03-2025

Plus que trois heures: le restoroute de la Rose de la Broye sanctionne tous les chauffeurs à cause de quelques brebis galeuses.

Pas plus de trois heures sur le parking du restoroute

Les restoroutes rencontrent de plus en plus de problèmes avec l’utilisation de leurs places de stationnement. En effet, il y a toujours plus de voitures, les parkings privés disparaissent et la construction de places de stationnement coûte cher. Pendant le week-end, certains exploitants de restoroutes interdisent l’accès à leurs places de parc aux poids lourds. Depuis peu, des panneaux indiquant une durée de stationnement maximale de trois heures ont été installés sur le parking du restoroute de la Rose de la Broye, près d’Estavayer. Les Routiers Suisses sont intervenus.

Les poids lourds sont en fait mal vus sur les parkings des restoroutes, car rares sont les chauffeurs qui peuvent se permettre de payer les repas coûteux qui y sont servis. Les restoroutes disposent de places de stationnement pour les camions, mais contrairement aux aires de repos, celles-ci ne relèvent pas de la responsabilité de la Confédération; elles sont sous contrôle cantonal. Les restoroutes sont loués aux exploitants, places de parking comprises. Ils fonctionnent donc comme des établissements privés accessibles au public. Ces aires sont construites en concertation avec l’OFROU, avec des places de parking pour camions. Mais en dernier ressort, c’est l’exploitant qui définit les règles d’exploitation.

Les intérêts sont clairs. Les cantons d’implantation et les exploitants ont peu d’intérêt à exploiter des places de stationnement pour des camions extracantonaux et internationaux. D’autant plus que cette clientèle a généralement peu d’argent en poche. Si des problèmes surviennent avec certains utilisateurs de places de stationnement, on peut vite avoir recours à des mesures drastiques. A Estavayer, il est arrivé à plusieurs reprises que des remorques ou des semi-remorques soient laissés à l’arrêt pendant plusieurs jours, le week-end ou la nuit. Il arrive aussi que des entreprises de transports utilisent des parkings publics pour leurs activités logistiques. Les remorques vides y sont déposées plusieurs jours: un chauffeur dépose une remorque chargée, et le lundi suivant, son collègue vient la chercher et la livre au client. Chez nous, il n’y aurait de toute façon pas de place pour parquer tous ces véhicules. En plus, il y a aussi les campeurs qui ne font pas que passer la nuit: ils déballent aussi leur barbecue, leurs tables et leurs chaises.

Pas compatible avec un Etat de droit

Les abus sont toujours le fait de quelques-uns. Mais avec la nouvelle réglementation, tous les autres usagers sont également punis. Bien que le panneau de stationnement menace les contrevenants d’une amende de 2000 francs, l’exploitant promet de ne pas sanctionner les chauffeurs qui passent la nuit sur le parking. Il semble que la même conception du droit prévaut en Allemagne et en Italie: tout le monde peut être sanctionné, mais seuls sont punis ceux qui dérangent vraiment. Cette réglementation n’est pas compatible avec un Etat de droit digne de ce nom.

Au lieu de réglementations cantonales et des excès incompréhensibles qui y sont associés, une réglementation nationale devrait s’appliquer aux restoroutes et aux aires de repos. Quand on est sur l’autoroute, on ne comprend pas qu’un restoroute soit assimilé à un terrain privé. On s’attend à trouver partout des règles comparables, y compris sur les aires de repos. Une réglementation prévoyant quinze heures de stationnement maximum pendant la semaine est compréhensible et permet de passer la nuit. Pour les remorques sans véhicule tracteur, une durée plus courte peut également être prévue. Le week-end, la durée de stationnement doit être prolongée en raison de l’interdiction de circuler le dimanche. Sinon, le «camping sauvage» doit être interdit. Pour contrôler la durée de stationnement, on pourrait envisager d’installer un distributeur automatique de tickets de stationnement avec saisie du numéro d’immatriculation du véhicule, sans frais de stationnement. Le disque de stationnement ne peut pas être volé ou falsifié. De tels systèmes fonctionnent également en ligne et permettent un contrôle facile.

L’exploitant du restoroute de la Rose de la Broye veut s’en tenir à la réglementation actuelle, mais la police n’est pas satisfaite. La commune se défile et le canton de Fribourg doit encore traiter nos réclamations et nos recours. Finalement, nous verrons bien ce qu’il en adviendra.

Texte et Photo: David Piras