Le concept «Suisse Cargo Logistics», présenté il y a deux ans, a pour objectif de rendre CFF Cargo financièrement autonome, comme l’exige également la Confédération. Le dernier rapport annuel montre à quel point CFF Cargo est loin d’atteindre cet objectif: une perte de 76 millions de francs, beaucoup plus élevée que prévu, a été enregistrée en 2024. Les principales raisons invoquées sont la baisse des volumes transportés, l’augmentation des coûts d’exploitation, la pression concurrentielle croissante du transport routier et les problèmes structurels du transport combiné. Ce dernier affiche un déficit annuel de plus de 12 millions de francs. Avec un chiffre d’affaires de 18 millions de francs, cela montre clairement à quel point cette activité est peu rentable pour CFF Cargo.
Réduire les coûts de 60 millions
Après avoir annoncé au printemps la suppression de 80 emplois, CFF Cargo a indiqué que 65 postes supplémentaires seraient supprimés d’ici fin 2025 dans le cadre des mesures d’économie prévues. Au vu des chiffres actuels, l’entreprise doit faire des économies et souhaite réduire ses coûts de 60 millions de francs par an d’ici à 2033. Les suppressions d’emplois s’accompagnent d’autres mesures. En raison de la rentabilité insuffisante du trafic combiné, CFF Cargo ferme huit de ses dix terminaux à Bâle, Oensingen (SO), Gossau (SG), Widnau (SG), Renens (VD), St-Triphon (VD), Cadenazzo (TI) et Lugano (TI). L’axe est-ouest est ainsi complètement supprimé dans ces régions. A l’avenir, dans le cadre du concept «Suisse Cargo Logistics», l’accent sera mis sur l’axe nord-sud, plus précisément sur la ligne très fréquentée entre Dietikon, dans la vallée de la Limmat à Zurich, et Stabio, au Tessin. Un train de onze wagons doit circuler quotidiennement vers le nord et vers le sud. Sur l’axe est-ouest, en revanche, il manque actuellement, selon CFF Cargo, des sillons express pour le trafic marchandises ainsi qu’«une infrastructure terminale adaptée à un tel essai». Malgré la suppression des terminaux CFF inadaptés, le transfert du fret routier vers le rail reste possible dans les terminaux de tiers. De plus, si l’exploitation test entre Dietikon et Stabio s’avère concluante, l’offre en transport combiné sera développée à long terme sur l’axe est-ouest conformément au concept «Suisse Cargo Logistics» et les infrastructures nécessaires, telles que le terminal trimodal «Gateway Basel Nord», seront mises en place. L’axe est-ouest n’est donc pas complètement abandonné et il pourrait être repris sous une nouvelle forme.
Outre le trafic combiné et les trains complets, CFF Cargo exploite également le trafic de wagons isolés, qui, comme le trafic combiné, est déficitaire. La Confédération a toutefois décidé de soutenir le transport par wagons isolés à l’aide de subventions: 40 francs par wagon chargé sont prévus, mais uniquement si au moins 720 wagons sont chargés par an sur une voie de raccordement utilisée à cette fin. Il faudra attendre quelques années pour savoir si ces mesures permettront à CFF Cargo de se rapprocher réellement de son objectif d’autonomie financière.
Texte et Photos: Daniel von Känel