Le rejet de l’extension du réseau routier national a été inattendu. C’est le scepticisme à l’égard d’une croissance illimitée de la Suisse qui a permis aux opposants habituels du trafic individuel motorisé de remporter le vote. Une telle majorité avait besoin, outre de la mobilisation certes très réussie du camp du «non», des voix du camp conservateur, qui se montre généralement plutôt favorable aux mesures routières. Mais pourquoi créer davantage de capacités si celles-ci sont nécessaires en raison d’une immigration que l’on ne souhaite pas? C’est en tout cas ce qu’ont déclaré de nombreuses personnes loin d’être écologistes, mais qui ont tout de même voté «non». Le fait est que, selon les statistiques correspondantes de l’Office fédéral des routes (OFROU), environ 55 600 heures d’embouteillage ont été enregistrées sur l’ensemble du réseau routier national en 2024. Cela représente une augmentation de 14 % par rapport à 2023. Cette augmentation est due principalement aux embouteillages causés par la saturation du trafic.
Avec la phase d’extension rejetée, le Conseil fédéral souhaitait avant tout éliminer les goulets d’étranglement. En effet, le réseau autoroutier suisse est presque achevé. Combler les lacunes et élargir les goulets d’étranglement, tel était l’objet de ce projet.
De plus, le contenu du projet est toujours d’actualité. Le problème de la saturation du réseau existe déjà, même sans immigration future. L’autre réseau, celui du rail, connaît également des difficultés. Là aussi, des rénovations et des extensions sont nécessaires, mais elles coûteront 14 milliards de plus que prévu initialement. Après le vote, le Conseil fédéral a donc chargé l’EPFZ de réaliser une expertise visant à hiérarchiser les projets d’infrastructure en fonction de leur importance. Les résultats montrent que la réalisation des travaux est recommandée pour deux projets figurant en bonne place dans le programme d’aménagement rejeté, à savoir le tunnel sous le Rhin à Bâle et le tunnel du Rosenberg à Saint-Gall. Il serait erroné de considérer cela comme une action antidémocratique. L’expertise constitue la base scientifique permettant de planifier une étape d’extension moins ambitieuse que le paquet rejeté, mais qui comprend néanmoins les mesures les plus importantes. C’est inévitable: en effet, les lacunes en matière d’infrastructures sont celles qui coûtent le plus cher à long terme.
Texte et Photo: Daniel von Känel
